Los
Pescadores de Perlas |
En los años sesenta del pasado siglo, el ministerio francés de Bellas Artes tuvo la feliz iniciativa de subvencionar al Teatro Lírico parisino con 100.000 francos para que se representara anualmente una ópera de tres actos cuya música hubiera sido creada por antiguos alumnos de Villa Médicis. Leon Carvalho, director del Téàtre-Lyrique, apostó por un joven de 25 años Georges Bizet (París 1838 - 1875). El compositor situó su ópera Les Pècheurs de Perles en la exótica isla de Ceilán. Está dividida en tres actos sobre un libreto de Michel Carré y Eugène Cormon. La obra se estrenó el 30 de septiembre de 1863 en el Teatro Lírico de París, recibiendo numerosas críticas debido a que sus detractores encontraron que hacía demasiadas concesiones al wagnerianismo y al verdianismo. Berlioz fue uno de los pocos que reconoció enseguida el valor de la obra. Hoy en día, Los Pescadores de Perlas, no se representa muy a menudo, sin duda alguna por la extremada predilección del público por Carmen (1874) que, al igual que Leoncavallo o Mascagni, convierten a Bizet en uno de aquellos compositores conocidos casi exclusivamente por una única obra. |
Personajes
Nadir
Zurga Leila Nourabad |
Pescador Jefe de los Pescadores Sacerdotisa Gran Sacerdote |
Tenor
Barítono Soprano Bajo |
La acción se desarrolla en la isla de Ceilán en época indeterminada.
ACTE I (Une plage aride et sauvage de l'île de Ceylan, quelques huttes en bambous; palmiers; au loin, ruines d'une ancienne pagode hindoue et la mer éclairée par un soleil ardent. Des pêcheurs achèvent de dresser leurs tentes pendant que des autres dansent et boivent aux sons des instruments hindous) CHOEUR Sur la grève en feu Où dort le flot bleu, Nous dressons nos tentes! Dansez jusqu'au soir, Filles à l'il noir, Aux tresses flottantes! Chassez, chassez par vos chants, Chassez, chassez Les esprits méchants! Voilà notre domaine! C'est ici que le sort Tous les ans nous ramène, Prêts à braver la mort! Sous la vague profonde, Plongeurs audacieux À nous la perle blonde Cachée a tous les yeux! Sur la grève en feu... ZURGA Amis, Interrompez vos danses et vos jeux! Il est temps de choisir Un chef qui nous commande, Qui nous protège et nous défende, Un chef aimé de tous, Vigilant, courageux! CHOEUR Celui que nous voulons pour maître Et que nous choisissons pour roi Ami Zurga, ami Zurga, c'est toi! ZURGA Qui, moi? CHOEUR Oui, oui, sous notre chef! Nous acceptons ta loi. Ami, ami, sois notre chef! Nous acceptons ta loi. ZURGA Vous me jurez obéissance? CHOEUR Sois notre chef! ZURGA À moi seul la toute puissance? CHOEUR Sois notre roi! ZURGA Eh bien! c'est dit! c'est dit! CHOEUR Sois notre chef À toi seul la toute puissance, Sois notre chef et notre roi! ZURGA C'est dit! c'est dit! (Nadir paraît au fond et descend parmi les rochers.) CHOEUR Mais qui vient là? ZURGA (allant au devant de Nadir) Nadir! Nadir! Ami de ma jeunesse Est-ce bien toi que je revois? CHOEUR C'est Nadir, le coureur des bois! NADIR Oui, Nadir, votre ami d'autrefois! Parmi vous compagnons Que mon bon temps renaisse! Des savanes et des forêts Où les traqueurs tedant rêts, Des savanes et des forêts J'ai sondé l'ombre et le mystère! J'ai suivi le poignard aux dents, Le tigre fauve aux yeux ardents, Et le jaguar et la panthère! Ce que j'ai fait hier, mes amis, Vous le feriez demain! Oui, vous le feriez demain! Compagnons, Donnons-nous la main! CHOEUR Amis, amis, donnons-lui la main! ZURGA Demeure parmi nous, Nadir, Et sois des nôtres! NADIR Oui! mes vux désormais Mes plaisirs sont les vôtres! ZURGA Eh bien! Prends part à nos jeux! Ami, bois avec moi, Danse et chante avec eux! Avant que la pêche commence, Saluons le soleil, L'air et la mer immense! CHOEUR Sur la grève en feu... (Les pêcheurs dansent, puis se dispersent. Zurga et Nadir restent seuls.) ZURGA C'est toi, toi qu'enfin je revois! Après de si longs jours, Après de si longs mois Où nous avons vécu séparés L'un de l'autre, Brahma nous réunit! Quelle joie est la nôtre! Mais parle, Es-tu resté fidèle à ton serment? Est-ce un ami que je revois Ou bien un traître? NADIR De mon amour profond, J'ai su me rendre maître! ZURGA Oublions le passé, Fêtons ce doux moment! Soyons frères, Restons amis toute la vie! Mon cur a banni sa folie! NADIR Oui, le calme est venu pour toi, Mais l'oubli ne viendra jamais! ZURGA Que dis-tu? NADIR Zurga, quand tous deux Nous toucherons à l'âge Où les rêves des jours passés De notre âme sont effacés, Tu te rappelleras Notre dernier voyage; Et notre halte aux portes de Candi. ZURGA C'était le soir! Dans l'air par la brise attiédi, Les brahmines au front Inondé de lumière, Appelaient lentement La foule à la prière! NADIR Au fond du temple saint Paré de fleurs et d'or, Une femme apparaît! Je crois la voir encore! ZURGA Une femme apparaît! Je crois la voir encore! NADIR La foule prosternée La regarde, etonnée, Et murmure tous bas: Voyez, c'est la déesse! Qui dans l'ombre se dresse Et vers nous tend les bras! ZURGA Son voile se soulève! Ô vision! ô rêve! La foule est à genoux! NADIR, ZURGA Oui, c'est elle! C'est la déesse Plus charmante et plus belle! Oui, c'est elle! C'est la déesse Qui descend parmi nous! Son voile se soulève Et la foule est à genoux! NADIR Mais à travers la foule Elle s'ouvre un passage! ZURGA Son long voile déjà Nous cache son visage! NADIR Mon regard, hélas! La cherche en vain! ZURGA Elle fuit! NADIR Elle fuit! Mais dans mon âme soudain Quelle étrange ardeur s'allume! ZURGA Quel feu nouveau me consume! NADIR Ta main repousse ma main! ZURGA Ta main repousse ma main! NADIR De nos coeurs l'amour s'empare Et nous change en ennemis! ZURGA Non, que rien ne nous sépare! NADIR Non, rien! ZURGA, NADIR Jurons de rester amis! Oh oui, jurons de rester amis! Oui, c'est elle! C'est la déesse! En ce jour qui vient nous unir, Et fidèle à ma promesse, Comme un frère je veux te chérir! C'est elle, c'est la déesse Qui vient en ce jour nous unir! Oui, partageons le même sort, Soyons unis jusqu'à la mort! ZURGA Que vois-je? Un pirogue aborde près d'ici! Je l'attendais! O dieu Brahma! merci! NADIR Qui donc attendais-tu? ZURGA Une femme inconnue Et belle autant que sage, Que les plus vieux de nous, Selon le vieil usage, Loin d'ici, chaque année, Ont soin d'aller chercher! Un long voile à nos yeux Dérobe son visage; Et nul ne doit la voir, Nul ne doit l'approcher! Mais pendant nos travaux, Debout sur ce rocher, Elle prie, et son chant Qui plane sur nos têtes Écarte les esprits méchants Et nous protége! Elle approche! ami, Fête avec nous son arrivée! |
ACTO I (Una playa árida y salvaje de la isla de Ceilán. A derecha e izquierda algunas cabañas de bambú y de esterilla; palmeras; ruinas de una vieja pagoda hindú y el mar iluminado por un sol ardiente. Unos pescadores acaban de montar sus tiendas mientras que otros danzan y beben al son de instrumentos hindúes) CORO ¡Sobre la playa ardiente donde duerme el agua azul, nosotros levantamos nuestras tiendas! ¡Danzad hasta la noche, muchachas de ojos negros, con las trenzas al viento! ¡Alejad, alejad con vuestros cantos, alejad, alejad los malos espíritus! ¡Este es nuestro dominio! ¡Es aquí donde la suerte todos los años nos conduce dispuestos a desafiar a la muerte! ¡Bajos las olas profundas, nadadores audaces, nos aguarda la luminosa perla oculta a todos los ojos! Sobre la playa ardiente... ZURGA ¡Amigos, interrumpid vuestras danzas y juegos! Es el momento de escoger un jefe que nos gobierne, que nos proteja y nos defienda, ¡un jefe amado por todos, vigilante, valiente! CORO Aquél que queremos por señor y al que elegimos como rey amigo Zurga, amigo Zurga, ¡es a ti! ZURGA ¿Quién, yo? CORO ¡Sí, sí, sé nuestro jefe! Aceptamos tus leyes. ¡Amigo, amigo, sé nuestro jefe! Aceptamos tus leyes. ZURGA ¿Me juráis obediencia? CORO ¡Sé nuestro jefe! ZURGA ¿Para mí todos los poderes? CORO ¡Sé nuestro rey! ZURGA ¡Bien! ¡Ya está dicho! ¡está dicho! CORO Sé nuestro jefe, A ti todos los poderes, ¡sé nuestro jefe y nuestro rey! ZURGA ¡Ya está dicho! ¡está dicho! (Nadir aparece por el fondo y desciende entre las rocas.) CORO ¿Pero quién viene por ahí? ZURGA (acudiendo ante Nadir) ¡Nadir! ¡Nadir! ¡Amigo de mi juventud! ¿Eres tú a quien nuevamente veo? CORO ¡Es Nadir, el corredor de los bosques! NADIR ¡Sí, Nadir, vuestro amigo de antaño! ¡Entre vosotros, compañeros, los buenos tiempos renacen! ¡De las sabanas y de los bosques donde los cazadores extienden redes, de las sabanas y de los bosques he sondeado las sombras y los misterios! ¡He seguido, con el puñal entre los dientes, al tigre leonado de ojos ardientes, y al jaguar y a la pantera! ¡Lo que yo hice ayer, amigos míos, vosotros lo haréis mañana! ¡Sí, vosotros lo haréis mañana! ¡Compañeros, démonos la mano! CORO ¡Amigos, amigos, démonos la mano! ZURGA ¡Vive con nosotros, Nadir, y sé de los nuestros! NADIR ¡Sí! ¡Mis deseos, desde ahora, y mis placeres serán los vuestros! ZURGA ¡Bien! ¡Toma parte en nuestros juegos! ¡Amigo, bebe conmigo, baila y canta con ellos! ¡Antes de que la pesca comience, saludemos al sol, al aire y al mar inmenso! CORO Sobre la playa ardiente... (Los pescadores danzan, después se dispersan. Zurga y Nadir quedan solos.) ZURGA ¡Eres tú, tú a quien vuelvo a ver! Después de largos días, después de largos meses en que hemos estado separados el uno del otro, ¡Brahma nos reúne! ¡Qué alegría la nuestra! Pero dime, ¿sigues tú fiel a tu juramento? ¿Es un amigo a quien veo o a un traidor? NADIR ¡De mi profundo amor he sabido ser el señor! ZURGA ¡Olvidemos el pasado, celebremos este dulce momento! ¡Seamos hermanos, continuemos amigos toda la vida! ¡Mi corazón ha desterrado la locura! NADIR ¡Sí, la calma ha venido para ti, pero el olvido no vendrá jamás! ZURGA ¿Qué dices? NADIR Zurga... cuando nos encontremos en la edad en que los sueños de los días pasados de nuestra alma han sido eclipsados... Aún entonces recordarás nuestro último viaje... ¡de nuestra estancia en las puertas de Candi! ZURGA ¡Era por la tarde! ¡El aire por la brisa templado, los brahmanes con la frente inundada de luz, llamando lentamente a la gente al rezo! NADIR ¡Al fondo del templo sagrado adornado de flores y de oro, una mujer apareció! ¡Creo verla todavía! ZURGA ¡Una mujer apareció! ¡Creo verla todavía! NADIR La gente arrodillada la mira, aturdida, y murmura por lo bajo: ¡Mirad, es la diosa! ¡Aquí entre las sombras viene y hacia nosotros extiende el brazo! ZURGA ¡Su velo se levanta! ¡Oh visión! ¡Oh sueño! ¡La gente está de rodillas! NADIR, ZURGA ¡Sí, es ella! ¡Es la diosa más encantadora y bella! ¡Sí, es ella! ¡Es la diosa que desciende entre nosotros! ¡Su velo se levanta y la gente está de rodillas! NADIR ¡Pero a través de la gente ella se abre camino! ZURGA ¡Su largo velo nos oculta el rostro! NADIR ¡Mi mirada, ay! ¡La busca en vano! ZURGA ¡Ella huye! NADIR ¡Ella huye! ¡Pero en mi alma de improviso aquel extraño ardor se enciende! ZURGA ¡Aquel fuego nuevo me consume! NADIR ¡Tu mano se apoya en la mía! ZURGA ¡Tu mano se apoya en la mía! NADIR ¡De nuestros corazones el amor se apodera y nos cambia en enemigos! ZURGA ¡No, que nada nos separe! NADIR ¡No, nada! ZURGA, NADIR ¡Juremos ser siempre amigos! ¡Oh, sí, juremos ser siempre amigos! ¡Sí, es ella! ¡Es la diosa! En ese día que nos vino a unir, y fiel a mi promesa, ¡como un hermano yo te querré! ¡Es ella, es la diosa, quien vino en ese día a unirnos! ¡Sí, compartamos la misma suerte, estemos unidos hasta la muerte! ZURGA ¿Qué veo? ¡Una piragua se dirige hacia aquí! ¡La esperaba! ¡Oh, dios Brahma! ¡gracias! NADIR ¿A quién esperabas? ZURGA Una mujer desconocida y tan bella como sabia, que los más viejos de nosotros, según la vieja costumbre, lejos de aquí, cada año, han de ir a buscar. Un largo velo a nuestros ojos oculta su rostro; ¡y nadie debe verla, nadie debe acercársele! Mas durante nuestro trabajo, recostada bajo esas rocas, ella rezará, y su canto que planeará sobre nuestras cabezas, ¡apartará a los malos espíritus y nos protegerá! ¡Ella llega! ¡Amigo, festeja con nosotros su venida! |
(Léïla, le front couvert d'un voile, paraît suivie de Nourabad. Nadir seul, plongé dans une rêverie profonde, n'aperçoit pas Léïla.) CHOEUR C'est elle, c'est elle, elle vient! On l'amème ici! La voici! (entourant Léïla et lui offrant les fleurs) Sois la bienvenue, Amie inconnue, Daigne accepter nos présents! Chante, et que l'orage Apaise sa rage, Amie à tes doux accents! Que la troupe immonde Des esprits de l'onde S'envole à ta voix! Ah! viens chasser par tes chants Les esprits de l'onde, Des prés et des bois. Amie inconnue Ici reçois nos présents Sois la bienvenue. Protége-nous! Veille sur nous! ZURGA (s'avançant vers Léïla) Seule au milieu de nous Vierge pure et sans tache promets-tu de garder Le voile qui te cache? LÉÏLA Je le jure! ZURGA Promets-tu de rester fidèle À ton serment? De prier nuit et jour Au bord du gouffre sombre? LÉÏLA Je le jure! ZURGA D'écarter par tes chants Les noirs esprits de l'ombre De vivre sans ami, Sans époux, sans amant? LÉÏLA Je le jure! ZURGA Si tu restes fidèle Et soumise à ma loi, Nous garderons pour toi La perle la plus belle, Et l'humble fille alors Sera digne d'un roi! (avec menace) Mais si tu nous trahis, Si ton âme succombe Aux pièges maudits de l'amour, Malheur à toi! CHOEUR Malheur à toi! ZURGA C'est ton dernier jour! CHOEUR Malheur à toi! ZURGA Pour toi s'ouvre la tombe! CHOEUR Malheur à toi! ZURGA La mort t'attend! CHOEUR Oui! NADIR (se levant et s'avançant vers Léïla) Ah! funeste sort! LÉÏLA (à part) Ah! c'est lui! ZURGA (saisissant la main de Léïla) Qu'as-tu donc? Ta main frissonne et tremble, D'un noir pressentiment Ton cur est agité! Eh bien, fuis ce rivage Où le sort nous rassemble Reprends ta liberté! CHOEUR Parle! réponds! LÉÏLA (les yeux tournés vers Nadir) Je reste! Je reste ici quand j'y devrais mourir! Que mon sort glorieux ou funeste S'accomplisse! Je reste, mes amis, Ma vie est à vous. ZURGA C'est bien à tous les yeux Tu resteras voilée. Tu chanteras pour nous Sous la nuit étoilée, Tu l'as promis! LÉÏLA Je l'ai juré! ZURGA Tu l'as juré! NADIR Tu l'as juré! CHOEUR Brahma, divin Brahma, Que ta main nous protége! Des esprits de la nuit, Viens écarter le piège! O Dieu Brahma, Nous sommes tous à tes genoux! O Brahma, divin Brahma, Que ta main nous protége! |
(Leila, el rostro cubierto por un velo, aparece seguida por Nourabad. Nadir solo, pensativo, no apercibe a Leila.) CORO ¡Es ella, es ella, ella llega! ¡La han traído! ¡Está aquí! (rodeando a Leila y ofreciéndole flores) Sé bienvenida, amiga desconocida, ¡dígnate aceptar nuestros presentes! ¡Canta, y que el tiempo aplaque su furia, amistoso a tus dulces palabras! ¡Que la tropa inmunda de los espíritus de las olas se aleje ante tu voz! ¡Ah! Aleja con tus cantos los espíritus de las olas, de los prados y de los bosques. Amiga desconocida recibe aquí nuestros presentes y sé bienvenida. ¡Protégenos! ¡Vela por nosotros! ZURGA (adelantándose hacia Leila) ¿Sola entre nosotros virgen pura y sin mancha prometes tú guardar el velo que te oculta? LEILA ¡Lo juro! ZURGA ¿Prometes permanecer fiel a tu juramento? ¿Rezar noche y día al borde del abismo obscuro? LEILA ¡Lo juro! ZURGA ¿De apartar con tus cantos los negros espíritus de la sombra y de vivir sin amigo, sin esposo, sin amante? LEILA ¡Lo juro! ZURGA ¡Si permaneces fiel y sumisa a mi ley, guardaremos para ti la perla más hermosa, y la humilde joven será entonces digna de un rey! (amenazante) ¡Pero si nos traicionas, si tu alma sucumbe a las trampas malditas del amor, maldita serás! CORO ¡Maldita serás! ZURGA ¡Será tu último día! CORO ¡Maldita serás! ZURGA ¡Para ti se abrirá la tumba! CORO ¡Maldita serás! ZURGA ¡La muerte te esperará! CORO ¡Sí! NADIR (se levanta y se adelanta hacia Leila) ¡Ah! ¡Funesta suerte! LEILA (a parte) ¡Ah! ¡Es él! ZURGA (tomando la mano de Leila) ¿Qué tienes? ¡Tu mano duda y tiembla, por un negro presentimiento tu corazón se agita! ¡Bien, vete de esta orilla donde la suerte nos espera, recobra tu libertad! CORO ¡Habla! ¡responde! LEILA (los ojos vueltos hacia Nadir) ¡Me quedo! ¡Me quedo aun cuando deba morir! ¡Que mi suerte gloriosa o funesta se cumpla! Me quedo, amigos, mi vida es vuestra. ZURGA Está bien, para todos los ojos permanecerás velada. Cantarás por nosotros bajo la noche estrellada, ¡lo has prometido! LEILA ¡Lo he jurado! ZURGA ¡Lo has jurado! NADIR ¡Lo has jurado! CORO ¡Brahma, divino Brahma, que tu mano nos proteja! ¡De los espíritus de la noche ven a apartar las trampas! ¡Oh Dios Brahma, estamos todos arrodillados ante ti! ¡Oh Brahma, divino Brahma, que tu mano nos proteja! |
(Sur un ordre de Zurga, Léïla gravit le sentier qui conduit au temple, suivie de Nourabad; ils disparaissent bientôt dans les profondeurs du temple; les hommes descendent sur le rivage; Zurga se rapproche de Nadir qui n'a cessé de suivre du regard de Léïla qui, une seule fois, s'est retournée vers lui, lui tend la main et s'éloigne avec un dernier groupe de pêcheurs. Le jour baisse peu à peu.) NADIR (seul) À cette voix quel trouble agitait Tout mon être? Quel fol espoir? Comment ai-je cru reconnaître? Hélas! devant mes yeux déjà, Pauvre insensé, La même vision tant de fois a passé! Non, non, c'est le remords, La fièvre, la délire! Zurga doit tout savoir, J'aurais tout lui dire! Parjure à mon serment, J'ai voulu la revoir! J'ai découvert sa trace, Et j'ai suivi ses pas! Et caché dans la nuit Et soupirant tout bas, J'écoutais ses doux chants Emportés dans l'espace. Je crois entendre encore, Caché sous les palmiers, Sa voix tendre et sonore Comme un chant de ramier! O nuit enchanteresse! Divin ravissement! O souvenir charmant! Folle ivresse! doux rêve! Aux clartés des étoiles, Je crois encore la voir, Entrouvrir ses longs voiles Aux vents tièdes du soir! O nuit enchanteresse!... Charmant souvenir! (Il s'entend sur une natte et s'endort.) CHOEUR (dans la coulisse) Le ciel est bleu! La mer est immobile et claire! Le ciel est bleu! (Léïla, amenée par Nourabad, paraît sur le rocher qui domine la mer.) NOURABAD Toi, reste là, Debout sur ce roc solitaire! (Les fakirs s'accroupissent aux pieds de Léïla, et s'allument un bûcher de branches et d'herbes sèches dont Nourabad attise la flamme, après avoir tracé du bout de sa baguette un cercle magique dans l'air.) Aux lueurs du brasier en feu, Aux vapeurs de l'encense Qui monte jusqu'à Dieu, Chante, chante, nous t'écoutons! NADIR (à demi endormi) Adieu, doux rêve! Adieu! LÉÏLA (debout sur la roche) O Dieu Brahma! O maître souverain du monde! CHOEUR (dans la coulisse) O Dieu Brahma! LÉÏLA Blanche Siva! Reine à la chevelure blonde! CHOEUR Blanche Siva! LÉÏLA Esprits de l'air, esprits de l'onde... NADIR (se réveillant) Ciel!... LÉÏLA ...Des rochers, des prés, des bois!... NADIR ...Encore cette voix! LÉÏLA ...Ecoutez ma voix! CHOEUR Esprits de l'air, Esprits de l'onde, Esprits des bois! LÉÏLA Dans le ciel sans voile, Parsemé d'étoiles, Au sein de la nuit Transparent et pur, Comme dans un rêve, Penché sur la grève, Mon regard, oui, Mon regard vous suit À travers la nuit! Ma voix vous implore, Mon cur vous adore, Mon chant léger, Comme un oiseau semble voltiger! CHOEUR Ah! chante, chante encore! Oui, que ta voix sonore, Ah! que ton chant léger, Loin de nous, chasse tout danger! LÉÏLA Ah! NADIR (Il s'est glissé jusqu'au pied du rocher.) Léïla! Léïla! (Léïla se penche vers lui et écarte son voile un instant.) Ne redoute plus rien! Me voici! Je suis là! Prêt à donner mes jours, Mon sang pour te défendre! CHOEUR Ah! chante, chante, encore!... LÉÏLA Pour toi, pour toi que j'adore, Ah! je chante encore! Je chante pour toi que j'adore! Il est là! Il m'écoute! Ah! NADIR Ah! Chante, chante encore! O toi que j'adore, Ne crains nul danger! Je viens pour te protéger! Ne crains rien, je suis là! Léïla, ne crains rien! Léïla, je suis là! |
(Tras una orden de Zurga, Leila recorre el camino que conduce al templo, seguida por Nourabad; desaparecen en las profundidades del templo; los hombres descienden hacia la orilla; Zurga se acerca a Nadir, quien no ha cesado de seguir con la mirada a Leila quien, una sola vez, se ha girado hacia él, le tiende la mano y se aleja con un último grupo de pescadores. El día pasa poco a poco.) NADIR (solo) ¿Ante esa voz qué turbación agita todo mi ser? ¿Qué loca esperanza? ¿Qué he creído reconocer? ¡Ay! ¡Ante mis ojos ya, pobre insensato, la misma visión ha pasado tantas veces! ¡No, no, son los remordimientos, la fiebre, el delirio! ¡Zurga debe saber todo, iré a decírselo! ¡Perjuro a mi promesa, he querido volver a verla! ¡He descubierto sus huellas, he seguido sus pasos! Y oculto en la noche y suspirando por lo bajo, escuché sus dulces cantos traídos por el espacio. ¡Creo escuchar todavía, oculto bajo las palmeras, su voz tierna y sonora como un canto de paloma! ¡Oh noche encantadora! ¡Divina visión! ¡Oh recuerdo delicioso! ¡Loca embriaguez! ¡Dulce sueño! ¡A la claridad de las estrellas, creo todavía verla, entreabrir sus largos velos a los vientos tibios de la noche! ¡Oh noche encantadora!... ¡Delicioso recuerdo! (Se extiende sobre una esterilla y se duerme.) CORO (entre bastidores) ¡El cielo está azul! ¡El mar inmóvil y claro! ¡EL cielo está azul! (Leila, conducida por Nourabad, aparece sobre las rocas que dominan el mar.) NOURABAD ¡Tú permanece ahí, bajo esa roca solitaria! (Los fakires se acuclillan a los pies de Leila y encienden una hoguera de ramas y de hierbas secas de la que Nourabad atiza la llama tras haber trazado con un gesto de su bastón un círculo mágico en el aire.) Ante el brillo de las brasas, ante los vapores del incienso que sube hasta Dios, ¡canta, canta, te escuchamos! NADIR (medio dormido) ¡Adiós, dulce sueño! ¡Adiós! LEILA (de pie sobre la roca) ¡Oh Dios Brahma! ¡Oh señor soberano del mundo! CORO (entre bastidores) ¡Oh Dios Brahma! LEILA ¡Blanca Siva! ¡Reina con la cabellera clara! CORO ¡Blanca Siva! LEILA Espíritus del aire, espíritus de las aguas... NADIR (despertándose) ¡Cielos!... LEILA ...de las rocas, de los prados, de los bosques... NADIR ...¡otra vez esa voz! LEILA ...¡Escuchad mi voz! CORO ¡Espíritus del aire, espíritus de las aguas, espíritus de los bosques! LEILA ¡En el cielo sin velos, sembrado de estrellas, en el seno de la noche transparente y pura, como en un sueño, inclinada sobre la playa, mi mirada, sí, mi mirada os sigue a través de la noche! ¡Mi voz os implora, mi corazón os adora, mi canto ligero, como un ave parece revolotear! CORO ¡Ah, canta, canta otra vez! ¡Sí, que tu voz sonora, ah, que tu canto ligero, lejos de nosotros aparte todo daño! LEILA ¡Ah! NADIR (que se ha deslizado hasta el pie de las rocas.) ¡Leila! ¡Leila! (Leila se inclina hacia él y aparta su velo un instante.) ¡No temas nada más! ¡Estoy aquí! ¡Estoy aquí! ¡Dispuesto a dar mis días, mi sangre, por defenderte! CORO ¡Ah! ¡Canta, canta otra vez!... LEILA ¡Por ti, por ti a quien adoro, ah, yo canto ahora! ¡Canto por ti a quien adoro! ¡Está ahí! ¡Me escucha! ¡Ah! NADIR ¡Ah! ¡Canta, canta otra vez! ¡Oh tú a quien adoro, no temas ningún daño! ¡Vengo para protegerte! ¡No temas nada, estoy aquí! ¡Leila, no temas nada! ¡Leila, estoy aquí! |
ACTE II (Les ruines d'un temple indien; au fond, une terrasse élevée dominant la mer. Le ciel est étoilé.) CHOEUR (dans la coulisse) L'ombre descend des cieux; La nuit ouvre ses voiles, Et les blanches étoiles Se baignent dans l'azur Des flots silencieux! NOURABAD (il s'avance vers Léïla) Les barques ont gagné la grève; Pour cette nuit, Léïla, Notre tâche s'achève. Ici tu peux dormir. LÉÏLA Allez-vous donc, hélas! Me laisser seule? NOURABAD Oui; mes ne tremble pas, Sois sans crainte. Par là des rocs inaccessibles Défendus par les flots grondants; De ce côté, le camp; Et là, gardiens terribles, Le fusil sur l'épaule Et le poignard aux dents, Nos amis veilleront! LÉÏLA Que Brahma me protége! NOURABAD Si ton cur reste pur, Si tu tiens ton serment, Dors en paix sous ma garde Et ne crains aucun piège! LÉÏLA En face de la mort, J'ai su rester fidèle a serment Qu'une fois j'avais fait. NOURABAD Toi? Comment? LÉÏLA J'étais encore enfant un soir, Je me rappelle, Un homme, un fugitif, Implorant mon secours, Vint chercher un refuge En notre humble chaumière; Et je promis, Le cur ému par sa prière, De le cacher à tous De protéger ses jours. Bientôt une horde farouche accourt, La menace à la bouche, On m'entoure! Un poignard sur mon front est levé, Je me tais, le nuit vient, Il fuit, il est sauvé! Mais, avant de gagner La savane lointaine: "O courageuse enfant," Dit-il, "va prends cette chaîne Et garde-la toujours En souvenir de moi!" Moi, moi, je me souviendrai! J'avais sauvé sa vie Et tenu ma promesse! NOURABAD C'est bien! Songes-y, tous nos maux Zurga peut te demander compte Songes-y, songe à Dieu! (Il sort avec les fakirs.) CHOEUR (dans la coulisse) L'ombre descend des cieux... LÉÏLA Me voilà seule dans la nuit, Seule en ce lieu désert Où règne le silence! (Elle regarde autour d'elle avec crainte.) Je frissonne, j'ai peur! Et le sommeil me fuit! (regardant du côté de la terrasse) Mais il est là! Mon cur devine sa présence! Comme autrefois Dans la nuit sombre, Caché sous le feuillage épais, Il veille près de moi dans l'ombre, Je puis dormir, rêver en paix! Il veille près de moi, Comme autrefois, comme autrefois C'est lui! mes yeux l'ont reconnu! C'est lui! mon âme est rassurée! O bonheur! Il est venu, Il est là près de moi, ah! Comme autrefois dans la nuit sombre... (Le son d'une guzla se fait entendre.) NADIR (dans le coulisse, de très loin) De mon amie, Fleur endormie Au fond du lac silencieux, J'ai vu dans l'onde Claire et profonde Etinceler le front joyeux Et les doux yeux! (La voix se rapproche.) Ma bien-aimée est enfermée... LÉÏLA Dieu! NADIR ...Dans un palais d'or et d'azur;... LÉÏLA La voix se rapproche! NADIR ...Je l'entends rire, Et je vois luire... LÉÏLA Un doux charme m'attire! NADIR ...Sur le cristal du gouffre obscur... LÉÏLA Ciel! NADIR ...Son regard pur! LÉÏLA Ah! c'est lui! (Nadir paraît sur la terrasse; il descend parmi les ruines.) NADIR Léïla! Léïla! LÉÏLA Dieu puissant, le voilà! NADIR Près d'elle, me voilà! LÉÏLA Par cet étroit sentier Qui borde un sombre abîme, Comment es-tu venu? NADIR Un Dieu guidait mes pas, Un tendre espoir m'anime! Rien, non rien ne m'a retenu! LÉÏLA Que viens-tu faire ici? Fuis, la mort te menace! NADIR Apaise ton effroi, pardonne! LÉÏLA J'ai juré! Je ne dois pas te voir! NADIR Ah! fais-moi grâce. LÉÏLA Le mort est sur tes pas! NADIR Ne me repousse pas! LÉÏLA Ah! va-t'en! NADIR Ah! le jour est loin encore Nul ne peut nous surprendre, Ah! Léïla, souris à mon espoir! LÉÏLA Non, séparons-nous! NADIR Ah! pourquoi repousser... LÉÏLA Il en est temps encore... NADIR ...Un ami qui t'implore! LÉÏLA ...Ah! va-t'en! NADIR Léïla! Léïla! LÉÏLA Ah! la mort est sur tes pas. Ah! par pitié, éloigne-toi! NADIR Hélas! Ton cur n'a pas compris le mien! Au sein de la nuit parfumée, Quand j'écoutais l'âme charmée, Les accents de ta voix aimée, Ton cur n'a pas compris le mien! LÉÏLA Ainsi que toi je me souviens! Au sein de la nuit parfumée, Mon âme alors libre et charmée, À l'amour n'était pas fermée! Ainsi que toi je me souviens! NADIR J'avais promis d'éviter ta présence, Et de me taire à tout jamais; Mais de l'amour, hélas! Ô fatale puissance! Pouvais-je fuir les beaux yeux Que j'aimais? LÉÏLA Malgré la nuit, Malgré ton long silence, Mon cur charmé Avait lu dans ton cur! Je t'attendais, j'espérais ta présence! Ta douce voix M'apportait le bonheur! NADIR Est-il vrai? que dis-tu? Doux aveu, ô bonheur! Oui! Ton coeur n'a pas compris Le mien! Au sein de la nuit parfumée... LÉÏLA Ah! Ainsi que toi je me souviens!... ENSEMBLE Ô doux moment! LÉÏLA (se dégageant de ses bras) Ah! revenez à la raison! Partez! Partez vite! Je tremble! NADIR Que l'amour chaque soir Dans l'ombre nous rassemble! LÉÏLA Oui, oui! demain je t'attendrai! NADIR Oui, demain je te rêverai! |
ACTO II (Ruinas de un templo hindú; al fondo una terraza elevada dominando el mar. Cielo estrellado) CORO (entre bastidores) ¡La sombra desciende de los cielos, la noche abre sus velos, y las blancas estrellas se bañan en el azul de las aguas silenciosas! NOURABAD (se adelanta hacia Leila) Las barcas han llegado a la playa; por esta noche, Leila, nuestra labor termina. Aquí puedes dormir. LEILA ¡Os marcháis vosotros, ay! ¿Dejándome sola? NOURABAD Sí, pero no padezcas, no tengas miedo. Por allí rocas inaccesibles rodeadas por rugientes aguas; por este lado, el campo; y por allí, guardianes terribles, el fusil a al espalda y el puñal en los dientes, ¡nuestros amigos velarán! LEILA ¡Que Brahma me proteja! NOURABAD ¡Si tu corazón sigue puro, si cumples tu juramento, duerme en paz bajo mi guardia, y no temas ningún peligro! LEILA De cara a la muerte yo sabré permanecer fiel al juramento que una vez hice. NOURABAD ¿Tú? ¿Cómo? LEILA Yo era todavía niña cuando una noche, lo recuerdo, un hombre, un fugitivo, implorando mi socorro, vino a buscar un refugio en nuestra humilde choza; y yo prometí, el corazón emocionado por su ruego, ocultarlo a todos y proteger sus días. Pese a todo una horda feroz acudió, ¡con amenazas en la boca, todos me rodeaban! Un puñal sobre mi frente se elevó, ¡mi silencio... la noche... huye, se salva! Pero, antes de llegar a la sabana lejana: ¡Oh valiente muchacha" dijo él, "coge esta cadena y guárdala siempre como recuerdo mío!" ¡Yo, yo no me he olvidado! ¡Salvé su vida y mantuve mi promesa! NOURABAD ¡Está bien! Sueña con él, de todos nuestros pecados Zurga puede pedirte cuentas. ¡Sueña con él, sueña con Dios! (Él sale con los fakires.) CORO (entre bastidores) La sombra desciende desde los cielos... LEILA ¡Aquí estoy sola en la noche, sola en este lugar desierto donde reina el silencio! (Mira alrededor suyo con creciente temor.) ¡Me estremezco de miedo! ¡y el sueño se me fue! (mirando hacia la terraza) ¡Mas él está ahí! ¡Mi corazón adivina su presencia! Como en otros tiempos en la obscura noche, oculto bajo el follaje espeso, él vela cerca de mí en las sombras, ¡puedo dormir, soñar en paz! Él vela cerca de mí, como en otros tiempos, como en otros tiempos, ¡es él! ¡mis ojos lo han reconocido! ¡Es él! ¡Mi alma está segura! ¡Oh felicidad! ¡Él ha venido, está cerca de mí, ah! Como en otros tiempos en la noche obscura... (El sonido de una "guzla" se escucha.) NADIR (tras bastidores, desde muy lejos) ¡De mi amiga, flor adormecida al fondo del lago silencioso, yo he visto en las aguas claras y profundas resplandecer la frente alegre y los dulces ojos! (La voz se aproxima.) Mi bien amada está encerrada... LEILA ¡Dios! NADIR ...en un palacio de oro y de azur... LEILA ¡La voz se aproxima! NADIR ...yo la escucho reír, y yo quiero que brille... LEILA ¡Un dulce encanto me llena! NADIR ...en el cristal de uniforme obscuridad... LEILA ¡Cielos! NADIR ...¡su mirada pura! LEILA ¡Ah! ¡Es él! (Nadir aparece sobre la terraza, descendiendo de entre las ruinas.) NADIR ¡Leila! ¡Leila! LEILA ¡Dios poderoso, ahí está! NADIR ¡Junto a ella, aquí estoy! LEILA Por ese estrecho sendero que bordea el sombrío abismo, ¿cómo has venido? NADIR ¡Un Dios guió mis pasos, una tierna esperanza me animaba! ¡Nada, nada me ha retenido! LEILA ¿Qué vienes a hacer aquí? ¡Huye, la muerte te amenaza! NADIR ¡Aplaca tu temor, perdona! LEILA ¡Lo he jurado! ¡No debo verte! NADIR ¡Ah! ¡Ten piedad! LEILA ¡La muerte está tras tus pasos! NADIR ¡No me rechaces! LEILA ¡Ah! ¡Vete! NADIR ¡Ah! La noche es larga todavía, nada puede sorprendernos, ¡ah! ¡Leila, sonríe a mi esperanza! LEILA ¡No, separémonos! NADIR ¡Ah! ¿Por qué rechazar... LEILA No es tiempo todavía... NADIR ... a un amigo que te implora? LEILA ...¡Ah! ¡Vete! NADIR ¡Leila! ¡Leila! LEILA ¡Ah! La muerte está tras de ti. ¡Ah, por piedad, aléjate! NADIR ¡Ay! ¡Tu corazón no comprende el mío! ¡En el seno de la noche perfumada, cuando yo escuché el alma adorada, los acentos de tu voz amada, tu corazón no comprende el mío! LEILA ¡Igual que tú yo me acuerdo! ¡En el seno de la noche perfumada, mi alma entonces, pura y libre, al amor no estaba cerrada! ¡Igual que tú yo me acuerdo! NADIR Yo había prometido evitar tu presencia, y ocultarme a ti para siempre; ¡pero el amor, ay, oh fatal poder! ¿Podría yo escapar de los bellos ojos que amo? LEILA A pesar de la noche, a pesar de tu largo silencio, ¡mi corazón excitado estaba en tu corazón! ¡Yo aguardaba, yo esperaba tu presencia! ¡Tu dulce voz me traía la felicidad! NADIR ¿Es verdad? ¿Qué dices? ¡Dulce confesión, oh felicidad! ¡Sí! ¡Tu corazón comprende al mío! En el seno de la noche perfumada... LEILA ¡Ah! ¡Igual que tú yo me acuerdo!... JUNTOS ¡Oh dulce momento! LEILA (soltándose de sus brazos) ¡Ah! ¡Vuelve a la razón! ¡Vete! ¡Vete pronto! ¡Tiemblo! NADIR ¡Que el amor cada noche en las sombras nos una! LEILA ¡Sí, sí! ¡Mañana te esperaré! NADIR ¡Sí, mañana te veré! |
(Ils se séparent. Coup de feu. Léïla pousse en cri et tombe à genoux.) NOURABAD Malheur sur eux! malheur sur nous! Accourez! venez tous! (Il se met à la poursuite de Nadir.) CHOEUR Quelle voix nous appelle? Quel présage de mort Nous attend en ces lieux? (L'orage éclate dans toute sa furie.) O nuit d'épouvante! La mer écumante Soulève en grondant Ses flots furieux! SOPRANOS Pâle et frémissante, Muette et tremblante, D'où vient sa terreur? D'où vient son effroi? Nuit d'épouvante La mer écumante, O nuit d'effroi, Nuit d'épouvante! Nuit d'horreur, Nuit d'effroi! CONTRALTOS, TENORS, BASSES O nuit d'horreur, Mon cur d'effroi palpite! O nuit d'horreur, Brahma, pitié, pitié! O nuit d'épouvante, La mer écumante Soulève en grondant Ses flots furieux, Oui, nuit d'horreur, Nuit d'horreur, Nuit d'effroi! NOURABAD (Il reparaît suivi des fakirs armés de torches.) Dans cet asile sacré, Dans ces lieux redoutables, Un homme, un étranger, Profitant de la nuit, À pas furtifs... CHOEUR Que dit-il? NOURABAD ...s'est introduit... CHOEUR Est-il vrai? NOURABAD (montrant Nadir qu'on amène au fond) ...Le voici! Voici les deux coupables! CHOEUR Voici les deux coupables! Ah! Nadir! O trahison! Nadir! O trahison! (Ils menacent Nadir et Léïla de leurs poignards.) Pour eux point de grâce! Non! Ni pitié! Ni merci! Non! La mort! La mort! Pour eux point de grâce! LÉÏLA O sombre menace! NADIR Leur demander grâce! NOURABAD Ni pitié, ni grâce! CHOEUR Pour eux point de grâce! LÉÏLA O funeste sort! O sombre menace! Hélas, funeste sort! Tout mon sang se glace! Pour nous c'est la mort! Hélas! Je tremble! O ciel! La mort nous menace! Funeste sort! O sombre menace! Brahma, protége-nous! Je meurs d'effroi! NADIR Non, plutôt la mort! Leur demander grâce? Leur folle menace Fait mon bras plus fort! Ne crains rien, Mon bras te protége! Je saurai braver leurs coups! Venez, je vous brave, Oui, je brave les cieux! Je ris de leur courroux! Je braverai votre fureur! Venez, je vous attends! CHOEUR Pour tous deux la mort! Malgré sa menace! Qu'ils aient le même sort! Esprits des ténèbres, Prêts à nous punir, Vos gouffres funèbres Pour eux vont s'ouvrir! Ni pitié, ni merci! Pour eux la mort! Oui, punissons leurs forfaits! (On va pour les frapper, Nadir se jette devant Léïla pour la protéger) ZURGA Arrêtez! arrêtez! C'est à moi d'ordonner de leur sort. CHOEUR La mort! pour eux la mort! ZURGA Vous m'avez donné la puissance, Vous me devez obéissance. Compagnons, j'ai votre serment, Obéissez, je le veux! CHOEUR Qu'ils partent donc! Nous faisons grâce au traître! Zurga le veut, Zurga commande en maître! ZURGA Partez, partez! NOURABAD (arrachant le voile de Léïla) Avant de fuir à tous Fais toi connaître! ZURGA (reconnaissant Léïla) Ah! qu'ai-je vu? C'était elle! o fureur! Vengez-vous! vengez-moi! Malheur! malheur sur eux! CHOEUR Pour eux point de grâce! LÉÏLA O sombre menace! O funeste sort! Brahma, protége-nous! Je meurs d'effroi! NADIR Leur demander grâce? Non, plutôt la mort! Oui, je braverai les cieux! Je ris de leur courroux! Je braverai votre courroux! ZURGA Ni pitié, ni grâce, Pour tous deux la mort! Point de pitié, qu'ils meurent! Qu'ils tombent sous nos coups! Pour eux la mort! CHOEUR Pour eux point de grâce! Point de pitié, pour eux la mort! Oui, punissons leur forfait! Pour eux la mort! (L'orage éclate avec fracas.) NOURABAD Ah! la foudre en éclats Va tomber sur nos fronts! Brahma! CHOEUR Brahma! divin Brahma! Que ta main nous protége! Nous jurons de punir Leur amour sacrilège! O dieu Brahma, Nous sommes tous à tes genoux! Brahma! divin Brahma! Que ta main nous protége! (Sur un geste impérieux de Zurga, on entraîne Nadir; Léïla est emmenée par les prêtres.) |
(Se separan. Se escucha un tiro. Leila lanza un grito y cae de rodillas.) NOURABAD ¡Maldición sobre ellos! ¡Maldición sobre nosotros! ¡Acudid! ¡Venid todos! (Sale persiguiendo a Nadir.) CORO ¿Qué voz nos llama? ¿Qué presagio de muerte nos espera en este lugar? (La tormenta estalla en toda su furia.) ¡Oh noche de espanto! ¡La mar espumosa eleva rugiendo sus olas furiosas! SOPRANOS Pálida y temblorosa, silenciosa y delicada ¿de dónde viene su terror? ¿de dónde su miedo? Noche de espanto. La mar espumosa, oh noche de terror, ¡noche de espanto! ¡Noche de horror, noche de miedo! CONTRALTOS, TENORES, BAJOS ¡Oh noche de horror, mi corazón de miedo palpita! ¡Oh noche de horror, Brahma, piedad, piedad! Oh noche de espanto, la mar espumosa eleva rugiendo sus olas furiosas, oh noche de horror, noche de horror, ¡noche de miedo! NOURABAD (Reaparece seguido por fakires armados con antorchas.) En este asilo santo, en estos lugares terribles, un hombre, un extranjero, aprovechando la noche, con pasos furtivos... CORO ¿Qué dice? NOURABAD ...se ha introducido... CORO ¿Es verdad? NOURABAD (señalando a Nadir a quien conducen desde el fondo) ...¡Aquí está! ¡Estos son los dos culpables! CORO ¡Estos son los dos culpables! ¡Ah! ¡Nadir! ¡Oh traición! ¡Nadir! ¡Oh traición! (Amenazan a Nadir y a Leila con sus puñales.) ¡Para ellos nada de gracia! ¡No! ¡Ni piedad! ¡Ni merced! ¡No! ¡La muerte! ¡La muerte! ¡para ellos nada de gracia! LEILA ¡Oh sombría amenaza! NADIR ¿Pedirles gracia? NOURABAD ¡Ni piedad ni gracia! CORO ¡Para ellos nada de gracia! LEILA ¡Oh suerte funesta! ¡Oh sombría amenaza! ¡Ay, funesta suerte! ¡Toda mi sangre se hiela! ¡Para nosotros es la muerte! ¡Ay! ¡Tiemblo! ¡Oh cielos! ¡La muerte nos amenaza! ¡Funesta suerte! ¡Oh sombría amenaza! ¡Brahma, protégenos! ¡Muero de espanto! NADIR ¡No, antes la muerte! ¿Pedirles gracia? ¡Su loca amenaza hace mi brazo aún más fuerte! ¡No temas nada, mi brazo te protege! ¡Yo sabré desafiar sus golpes! ¡Venid, yo os desafío, sí, desafío a los cielos! ¡Me río de su enfado! ¡Desafiaré vuestro furor! ¡Venid, os espero! CORO ¡Para los dos la muerte! ¡A pesar de su amenaza! ¡Que tengan la misma suerte! ¡Espíritus de las tinieblas, dispuestos a castigaros, los abismos fúnebres para ellos se van a abrir! ¡Ni piedad ni merced! ¡para ellos la muerte! ¡Sí, castiguémosles juntos! (Intentan herirlos, Nadir se coloca ante Leila para protegerla.) ZURGA ¡Deteneos! ¡deteneos! Soy yo quien decidirá su suerte. CORO ¡La muerte! ¡Para ellos la muerte! ZURGA Vosotros me habéis dado el poder, me debéis la obediencia. ¡Compañeros, lo habéis jurado, obedeced, lo ordeno! CORO ¡Que partan pues! ¡Hacemos gracia al traidor! ¡Zurga lo quiere, Zurga ordena como señor! ZURGA ¡Partid, partid! NOURABAD (arrancando el velo de Leila) ¡Antes de escapar hazte conocer por todos! ZURGA (reconociendo a Leila) ¡Ah! ¿Qué veo? ¡Es ella! ¡Oh furor! ¡Vengaos! ¡Vengadme! ¡Maldición! ¡Maldición sobre ellos! CORO ¡Para ellos nada de gracia! LEILA ¡Oh sombría amenaza! ¡Oh funesta suerte! ¡Brahma, protégenos! ¡Muero de terror! NADIR ¿Pedirles gracia? ¡No, antes la muerte! ¡Sí, desafiaré a los cielos! ¡Yo me río de su enfado! ¡Yo desafiaré vuestra cólera! ZURGA ¡Ni piedad, ni gracia, para los dos la muerte! ¡Nada de piedad, que mueran! ¡Que caigan bajo nuestros golpes! ¡Para ellos la muerte! CORO ¡Para ellos nada de gracia! ¡Nada de piedad! ¡a muerte! ¡Sí, castiguémoslos a la vez! ¡Para ellos la muerte! (La tormenta estalla ) NOURABAD ¡Ah! ¡El rayo luminoso caerá sobre nuestras cabezas! ¡Brahma! CORO ¡Brahma! ¡Divino Brahma! ¡Que tu mano nos proteja! ¡Nosotros juramos castigar su amor sacrílego! ¡Oh dios Brahma, estamos todos de rodillas ante ti! ¡Brahma! ¡Divino Brahma! ¡Que tu mano nos proteja! (A un gesto imperiosos de Zurga, arrastran a Nadir; Leila es conducida por los sacerdotes.) |
ACTE III Premier Tableau (Une tente indienne fermée par une draperie. Une lampe brûle sur une petite table en jonc.) ZURGA (il paraît sur le seuil de la tente) L'orage s'est calmé. Déjà les vents se taisent! Comme eux les colères s'apaisent! (Il laisse tomber la draperie.) Moi seul j'appelle en vain Le calme et le sommeil. La fièvre me dévore Et mon âme oppressée N'a plus qu'une pensée: Nadir doit expirer au lever du soleil! (Il tombe accablé sur les coussins.) O Nadir, tendre ami De mon jeune âge! O Nadir, lorsqu'à la mort Je t'ai livré! O Nadir, hélas, Par quelle aveugle et folle rage Mon cur était-il déchiré! Non, non, c'est impossible! J'ai fait un songe horrible! Non, tu n'as pu trahir ta foi! Et le coupable, hélas! c'est moi! O remords! o regrets! Ah! qu'ai-je fait? O Nadir, tendre ami De mon jeune âge! O Léïla, radieuse beauté! Pardonnez à l'aveugle rage! De grâce pardonnez Aux transports d'un cur irrité! Malgré moi, le remords m'oppresse! Nadir, Léïla, hélas! J'ai honte de ma cruauté! Ah! pardonnez aux transports D'un cur irrité! (Il tombe accablé. Léïla paraît. Deux pêcheurs la tiennent et la menacent de leurs poignards.) Qu'ai-je vu? O ciel! quel trouble! Tout mon amour Se réveille à sa vue! Près de moi, qui t'amène? LÉÏLA J'ai voulu te parler à toi seul. ZURGA (aux pêcheurs) C'est bien! vous sortez! LÉÏLA (à part) Je frémis, je chancelle! De son âme cruelle Hélas! que vais-je obtenir? Sous son regard, L'effroi vient me saisir. De son âme cruelle Que vais-je obtenir? ZURGA Je frémis devant elle! Léïla qui est belle! Oui, plus belle encore, Au moment de mourir, Oui, c'est Dieu qui la conduit ici Pour me punir! Ne tremble pas, approche, Je t'écoute! LÉÏLA (elle se jette aux pieds de Zurga) Zurga, je viens demander grâce. Par Brahma, par le ciel, Par tes mains que j'embrasse, Epargne un innocent Et ne frappe que moi! Pour moi je ne crains rien, Zurga, Mais je tremble pour lui! Ah! sois sensible à ma plainte Et deviens notre appui. Il me donne son âme! Il est tout mon amour! ZURGA Tout son amour! LÉÏLA Ardente flamme, hélas! Voici son dernier jour! ZURGA Son dernier jour! LÉÏLA Ah! pitié Zurga, ah, pitié! Par ma voix qui supplie, Ah, laisse-toi fléchir! Accorde-moi sa vie, Zurga je t'en conjure, Accorde-moi sa vie, Pour m'aider à mourir! ZURGA Qu'entends-je? LÉÏLA Ah, laisse-toi fléchir! Accorde-moi sa vie, Pour m'aider à mourir! ZURGA Pour t'aider à mourir! Ah! Nadir! J'aurais pu lui pardonner peut-être et le sauver, car nous étions amis! Mais tu l'aimes! LÉÏLA Grand Dieu! ZURGA Tu l'aimes! LÉÏLA Je frémis! ZURGA Tu l'aimes! Ce mot seul a ranimé Ma haine et ma fureur! LÉÏLA Dieu! ZURGA En croyant le sauver, Tu le perds pour jamais! LÉÏLA Par grâce, par pitié! ZURGA Plus de prière vaine! LÉÏLA Par grâce, par pitié! ZURGA Je suis jaloux! LÉÏLA Jaloux? ZURGA Comme lui, Léïla, je t'aimais! LÉÏLA Ah! de mon amour pour lui Tu m'oses faire un crime? ZURGA Son crime est d'être aimé Quand je ne le suis pas! LÉÏLA Ah! du moins dans son sang Ne plonge pas tes bras! ZURGA En voulant le sauver, Tu le perds à jamais! LÉÏLA Ah! que de ta fureur, Seule je sois victime! ZURGA Tu l'aimes! il doit périr! LÉÏLA Par pitié! par le ciel! Eh bien! va, venge-toi donc, cruel! Va, cruel, va! Va, prends aussi ma vie; Mais, ta rage assouvie, Le remords, l'infamie, Te poursuivront toujours! Que l'arrêt s'accomplissent, Et qu'un même supplice Dans les cieux réunisse À jamais tendre amour. Va, prends ma vie, Je te défie, Oui, l'infamie Te poursuivra toujours. Va barbare, va cruel, Les remords Te poursuivront toujours! Ah barbare! Ah cruel! ZURGA O rage! o fureur! O tourment affreux! O jalousie! Tremble! Ah! crains ma fureur! Oui, crains ma vengeance! Que l'arrêt s'accomplisse! Point de grâce, point de pitié! Tu vas périr avec lui! Pour tous deux, oui, la mort! LÉÏLA Zurga, je te maudis, Je te hais et je l'aime à jamais! ZURGA O fureur, o fureur! (Nourabad reparaît au fond, suivi de quelques pêcheurs. Cris de joie dans l'éloignement.) NOURABAD Entends au loin ce bruit de fête! L'heure est venue! LÉÏLA Et la victime est prête! ZURGA Allez! LÉÏLA Pour moi s'ouvre le ciel! (à un jeune pêcheur) Ami, prends ce collier, Et quand je serai morte, Qu'à ma mère on le porte! Va, je prierai Dieu pour toi! (Zurga s'empare du collier.) ZURGA Ce collier... Celle qui m'a sauver! Je ferai mon devoir! (Nourabad et les pêcheurs entraînent Léïla. Zurga les suit.) |
ACTO III Escena Primera (Una tienda hindú cerrada por un ropaje. Una lámpara brilla sobre una pequeña mesa de junco.) ZURGA (aparece bajo la entrada de la tienda) La tempestad se calmó. ¡Ya los vientos se callan! ¡Las iras se apaciguan! (Deja caer el ropaje.) Reclamo en vano la calma y el sueño. La fiebre me devora y mi alma oprimida no es mas que un pensamiento: ¡Nadir debe expirar a la salida del sol! (Cae aturdido sobre unos cojines.) ¡Oh Nadir, tierno amigo de juventud! ¡Oh Nadir, hasta la muerte te he llevado! ¡Oh Nadir, ay, por que antigua y loca rabia mi corazón ha sido poseído! ¡No, no, es imposible! ¡He tenido un sueño horrible! ¡No, tú no has traicionado tu fe! ¡Y el culpable, ay, he sido yo! ¡Oh remordimientos! ¡Oh arrepentimientos! ¡Ah! ¿Qué he hecho? ¡Oh Nadir, tierno amigo de juventud! ¡Oh Leila, radiante belleza! ¡Perdonad la antigua rabia! ¡Por favor perdonad los impulsos de un corazón irritado! ¡A mi pesar, los remordimientos me oprimen! ¡Nadir, Leila, ay! ¡Tengo vergüenza de mi crueldad! ¡Ah! ¡Perdonad los impulsos de un corazón irritado! (Cae aturdido. Leila aparece. Dos pescadores la sujetan y la amenazan con sus puñales.) ¿Qué veo? ¡Oh cielos! ¡Qué turbación! ¡Todo mi amor se despierta ante su vista! Ante mí, ¿qué te trae? LEILA Quiero hablarte a solas. ZURGA (a los pescadores) ¡Está bien! ¡Salid! LEILA (a parte) ¡Me estremezco, vacilo! ¿De su alma cruel, ay, que podré obtener? Bajo su mirada el terror me sobrecoge. ¿De su alma cruel qué voy a obtener? ZURGA ¡Me estremezco ante ella! ¡Leila, qué bella es! ¡Sí, más bella todavía en el momento de morir, sí, es Dios quien la condujo aquí para castigarme! ¡No tiembles, acércate, te escucho! LEILA (se arroja a los pies de Zurga) Zurga, vengo a pedir gracia. Por Brahma, por el cielo, por tus manos que yo tomo, ¡salva a un inocente y mátame sólo a mí! ¡Por mí yo no temo, Zurga, pero tiemblo por él! ¡Ah! Sé sensible a mi ruego y sé nuestro apoyo. ¡Él me dio su alma! ¡Él es todo mi amor! ZURGA ¡Todo su amor! LEILA ¡Ardiente llama, ay! ¡Este es su último día! ZURGA ¡Su último día! LEILA ¡Ah! ¡Piedad Zurga, ah piedad! ¡Por mi voz que suplica, ah, déjate influir! ¡Concédeme su vida, Zurga, te lo pido, concédeme su vida, para ayudarme a morir! ZURGA ¿Qué escucho? LEILA ¡Ah, déjate influir! ¡Concédeme su vida, para ayudarme a morir! ZURGA ¡Para ayudarte a morir! ¡Ah! ¡Nadir! ¡Yo lo hubiera podido salvar y perdonar, pues éramos amigos! ¡Pero tú le amas! LEILA ¡Gran Dios! ZURGA ¡Tú le amas! LEILA ¡Me estremezco! ZURGA ¡Tú le amas! ¡Esa única palabra ha reanimado mi odio y mi furor! LEILA ¡Dios! ZURGA ¡Creyendo salvarlo tú lo has perdido para siempre! LEILA ¡Gracia, por piedad! ZURGA ¡Basta de vanas plegarias! LEILA ¡Gracia, por piedad! ZURGA ¡Estoy celoso! LEILA ¿Celoso? ZURGA ¡Igual que él, Leila, yo te amo! LEILA ¡Ah! ¿De mi amor por él osas hacer un crimen? ZURGA ¡Su crimen es ser amado cuando yo no lo soy! LEILA ¡Ah! ¡Al menos en su sangre no sumerjas tu brazo! ZURGA ¡Al querer salvarlo lo pierdes para siempre! LEILA ¡Ah! ¡Que de tu furor solo yo sea la víctima! ZURGA ¡Tú le amas! ¡Él debe perecer! LEILA ¡Por piedad! ¡Por el cielo! ¡Está bien! ¡Véngate pues, cruel! ¡Vete, cruel, vete! Vete, toma también mi vida; pero, saciada tu rabia, ¡los remordimientos, la infamia, te perseguirán siempre! Que el arresto se cumpla, y que un mismo suplicio bajo los cielos reúna al más tierno amor. Toma mi vida, te desafío, sí, la infamia te perseguirá siempre. Bárbaro, cruel, ¡los remordimientos te perseguirán siempre! ¡Ah bárbaro! ¡Ah cruel! ZURGA ¡Oh rabia! ¡Oh furor! ¡Oh tormento terrible! ¡Oh celos! ¡Tiembla! ¡Ah! ¡Teme mi furor! ¡Sí, teme mi venganza! ¡Que el castigo se cumpla! ¡Nada de gracia, nada de piedad! ¡Morirás con él! ¡Para los dos, sí, la muerte! LEILA ¡Zurga, te maldigo, te odio y le amo para siempre! ZURGA ¡Oh furor, oh furor! (Nourabad aparece por el fondo seguido de algunos pescadores. Gritos de alegría en la lejanía.) NOURABAD ¡Escucha a lo lejos esos gritos de fiesta! ¡La hora ha llegado! LEILA ¡Y la víctima está dispuesta! ZURGA ¡Marchad! LEILA ¡Para mí se abre el cielo! (a un joven pescador) Amigo, toma este collar, y cuando esté muerta, ¡que a mi madre alguno lo lleve! ¡Anda, rogaré a Dios por ti! (Zurga se apodera del collar.) ZURGA Este collar... ¡Es ella quien me salvó! ¡Cumpliré con mi deber! (Nourabad y los pescadores sacan a Leila. Zurga los sigue.) |
Deuxième Tableau (Un site sauvage avec au milieu un bûcher. Des feux éclairent la scène d'une façon sinistre. À droite, un trépied supportant un brûle-parfum. Il fait encore nuit. Nadir est assis, gardé par deux pêcheurs. Le vin de palmiers circule dans les coupes. Danses et chants.) CHOEUR Dès que le soleil, Dans le ciel vermeil, Versera sa flamme, Nos bras frapperont Et se plongeront Dans leur sang infâme! Ardente liqueur Verse en notre cur Une sainte extase: Qu'un sombre transport, Présage de mort, Soudain les embrasse. Brahma! Brahma! (Léïla paraît conduite par Nourabad, et précédée du grand prêtre; ses yeux recontrent le regard de Nadir fixé sur elle.) NOURABAD, CHOEUR Sombres divinités, Zurga les livre à nos bras irrités! (Une lueur rougeâtre éclaire le fond du théâtre et fait croire aux indiens que le jour va paraître.) NOURABAD Le jour enfin perce la nue,... CHOEUR Oui! NOURABAD ...Le soleil luit, l'heure est venue! CHOEUR Oui! NOURABAD, CHOEUR Frappons! Oui! (Ils lèvent les poignards sur Nadir) ZURGA (entrant, effaré et tentant une hache à la main) Non! non! ce n'est pas le jour! Regardez, c'est le feu du ciel Tombé sur nous des mains de Dieu! (Les indiens se retournent terrifiés. Zurga descend au milieu d'eux.) La flamme envahit Et dévore votre camp! Courez tous! il en est temps encore Pour arracher vos enfants au trépas, Courez, courez, Que Dieu guide vos pas! (Tous sortent en désordre, à l'exception de Nourabad, qui, seul, a gardé son soupçon. Il feint de s'éloigner et se cache derrière les arbres.) ZURGA (s'élançant vers Léïla) Mes mains ont allumé Le terrible incendie Qui menace leurs jours Et vous sauve la vie, (de sa hache il brise les fers qui retenaient Nadir) Car je brise vos fers! NADIR Dieu! ZURGA (à Léïla, lui montrant le collier) Léïla, souviens-toi, Tu m'as sauvé jadis! LÉÏLA O ciel! ZURGA Soyons sauvés par moi! LÉÏLA, NADIR Dieu! (Nadir et Léïla tombe dans les bras l'un de l'autre. Nourabad qui a tout entendu court prévenir les indiens) LÉÏLA, NADIR O lumière sainte, O divine étreinte, Je suis sans crainte Car il nous arrache Enfin au trépas. Zurga nous délivre Et nous fait revivre, Je veux te suivre; Rien ne me saurait Ravir à tes bras! Je veux rester dans tes bras! ZURGA O lumière sainte, O divine étreinte, Je vais sans plainte Les sauvant tous deux Courir au trépas. O dieux comme ils s'aiment! (à Léïla et Nadir) Ce sont eux, les voici! Fuyez par ce passage! (à Nadir) Emporte ton trésor Loin de ce bord sauvage! LÉÏLA, NADIR Et toi, Zurga? ZURGA Dieu seul sait l'avenir! (Léïla et Nadir partent. Nourabad entre en scène avec quatre chefs hindous pour se saisir de Léïla et Nadir; Zurga les empêche de passer) NOURABAD (montant Zurga) C'est lui, le traître! Il a sauvé leur vie! LES CHEFS À mort! (Zurga s'élance sur sa hache restée à terre prêt à défendre sa vie, mas un indien le poignarde par derrière. Il tombe. Zurga se traîne du côté où Léïla et Nadir ont fui; comme pour les protéger encore.) ZURGA Ah! Adieu! (Nourabad sort suivi des quatre chefs.) Léïla, je t'aimais! LÉÏLA, NADIR Plus de crainte, o douce étreinte, Le bonheur nous attend là-bas! Sainte ivresse, plus de tristesse! Oui, le ciel guidera nos pas! Ah viens! Le bonheur nous attend là-bas! ZURGA Ma tâche est achevée, J'ai tenu mon serment! Il vit, elle est sauvée! Rêves d'amour! adieu! (Léïla et Nadir disparaissent. Zurga retombe.) |
Escena Segunda (Un lugar salvaje con una hoguera en el centro. Los fuegos iluminan la escena con un aspecto siniestro. A la derecha, un pebetero con perfumes. Es de noche. Nadir está sentado, vigilado por dos pescadores. El vino de palma circula por las copas. Danzas y cantos) CORO ¡En cuanto que el sol, en el cielo rojo, vierta su llama nuestros brazos herirán y se empaparán en la sangre infame! Ardiente licor viertes en nuestro corazón un santo éxtasis: que un sombrío empuje, presagio de muerte, pronto los abrace. ¡Brahma! ¡Brahma! (Leila aparece conducida por Nourabad, y precedida del sumo sacerdote, su mirada encuentra la de Nadir) NOURABAD, CORO ¡Sombrías divinidades, Zurga los entrega a nuestros brazos irritados! (Una luminosidad rojiza ilumina el fondo de la escena y hace creer a los hindúes que el día nace.) NOURABAD El día al fin traspasa la nube... CORO ¡Sí! NOURABAD ....¡el sol brilla, la hora ha llegado! CORO ¡Sí! NOURABAD, CORO ¡Matemos! ¡Sí! (Elevan los puñales sobre Nadir.) ZURGA (entrando, azorado y con una hacha en la mano) ¡No! ¡no! ¡aún no es la hora! ¡Mirad, es el fuego del cielo que las manos de Dios nos envían! (Los hindúes se giran aterrorizados. Zurga desciende entre ellos.) ¡Las llamas invaden y devoran vuestros campos! ¡Corred todos! ¡Aún es tiempo de salvar a vuestros hijos de la muerte, corred, corred, que Dios guíe vuestros pasos! (Todos salen en desorden, excepto Nourabad, quien, en silencio, ha guardado su sospecha. Hace como que se aleja y se oculta tras unos árboles.) ZURGA (acercándose a Leila) Mis manos han encendido el terrible incendio que amenaza sus días y os salva la vida, (con su hacha rompe los hierros que sujetan a Nadir) ¡pues yo rompo vuestros hierros! NADIR ¡Dios! ZURGA (a Leila, enseñándole el collar) ¡Leila, recuérdalo, tú me salvaste antes! LEILA ¡Oh cielos! ZURGA ¡Sed salvados por mí! LEILA, NADIR ¡Dios! (Nadir y Leila se abrazan. Nourabad que todo ha visto corre a prevenir a los hindúes.) LEILA, NADIR Oh llama santa, oh divino abrazo, ya no tengo miedo pues él nos libra al fin de la muerte. Zurga nos libra y nos hace revivir, yo quiero seguirte; ¡nada me hará abandonar tus brazos! ¡Yo permaneceré en tus brazos! ZURGA Oh llama santa, oh divino abrazo, acudo sin queja al salvar a los dos corriendo a la muerte. ¡Oh dios, cómo se quieren! (a Leila y Nadir) ¡Esos son ellos, están aquí! ¡Escapad por ese pasadizo! (a Nadir) ¡Lleva tu tesoro lejos de este litoral salvaje! LEILA, NADIR ¿Y tú, Zurga? ZURGA ¡Sólo Dios conoce el destino! (Leila y Nadir salen. Nourabad entra en escena con cuatro jefes hindúes para seguir a Leila y a Nadir; Zurga les impide el paso) NOURABAD (señalando a Zurga) ¡Es él, el traidor! ¡Les ha salvado la vida! LOS JEFES ¡A muerte! (Zurga se lanza sobre su hacha que está en el suelo para defenderse, pero un hindú le apuñala por la espalda. Cae. Zurga se acerca al lado por donde Leila y Nadir han escapado) ZURGA ¡Ah! ¡Adiós! (Nourabad sale seguido por los cuatro jefes.) ¡Leila, yo te amé! LEILA, NADIR Basta de llantos, oh dulce abrazo, ¡la felicidad nos espera allá! ¡Oh embriaguez, basta de tristeza! ¡Sí, el cielo guiará nuestros pasos! ¡Ah, ven! ¡La felicidad nos aguarda allá! ZURGA ¡Mi trabajo está terminado, yo he mantenido mi juramento! ¡Él vive, ella está a salvo! ¡Sueños de amor, adiós! (Leila y Nadir desaparecen. Zurga muere.) |